Elle était célébrée dans le diocèse depuis plus de cinquante ans, elle attend désormais d’être formellement instituée par le Vatican. La « Missa Terra Spiritus Sancti » ou « messe de la Terre du Saint-Esprit », une liturgie romaine adaptée à la culture aborigène du diocèse de Broome (nord-ouest de l’Australie), a été reconnue officiellement par la Conférence des évêques catholiques australiens mardi 7 mai.

« Nous devons marcher avec les peuples aborigènes, a déclaré l’administrateur apostolique de Broome, Mgr Michael Morrissey, à l’issue du vote. Je suis satisfait que (cette liturgie) ait été reconnue par les évêques d’Australie après une si longue période d’usage. » « Nous reconnaissons qu’il existe de nombreuses cultures aborigènes en Australie et nous prions pour qu’elles soient toutes guidées par l’Esprit Saint afin de trouver le meilleur moyen de célébrer l’Eucharistie de la manière la plus appropriée avec leur peuple, dans le cadre de la vie de l’Église », a-t-il ajouté.

Reconnaissance du Vatican

Après le vote des responsables catholiques australiens, la « messe aborigène » sera soumise au dicastère pour le culte divin dans l’attente de recevoir une reconnaissance officielle de Rome. Selon les évêques, l’usage hebdomadaire de cette liturgie s’est répandu depuis cinquante ans dans le diocèse de Broome avec l’accord tacite du Vatican.

Depuis le début de son pontificat, le pape François a régulièrement reçu au Vatican des chefs des peuples indigènes, à l’image de Mundiya Kepanga, chef coutumier de Papouasie-Nouvelle-Guinée, avec qui il s’est entretenu mercredi 8 mai. Le pape avait également célébré une messe en rite zaïrois dans la basilique Saint-Pierre de Rome, afin d’encourager l’acculturation de la foi dans les différentes sociétés dans le monde. Un appel qu’il avait lancé en 2019 à la suite du synode sur l’Amazonie.

Un pont entre foi et culture

La célébration de la messe aborigène incorpore des éléments propres à la culture indigène, notamment dans la musique avec l’introduction d’instruments tels que le didjeridoo. L’accent est également mis sur l’oralité, avec des chants répétitifs, des claquements de mains ou l’usage de baguettes durant les processions.

Cette messe « n’est pas simplement une pratique liturgique, mais un témoignage du lien profond entre notre foi et la riche mosaïque de la culture aborigène, s’est réjoui le Conseil national des catholiques aborigènes, qui représente quelque 133 000 catholiques issus des peuples indigènes d’Australie. Elle symbolise un pont qui unit nos croyances spirituelles à la sagesse ancestrale des premiers gardiens de la Terre ».

« C’est une expression tangible de l’engagement de l’Église à reconnaître et à valoriser les dimensions spirituelles et culturelles de la vie des peuples indigènes, favorisant ainsi un environnement d’inclusion et de respect », a encore indiqué ce conseil.

La « messe de la Terre du Saint-Esprit » a été à l’origine développée par le père Kevin McKelson, envoyé auprès des communautés de la région pour évangéliser les Aborigènes. Le prêtre, reconnu pour son travail auprès de ces communautés, s’était d’abord attelé à traduire le missel romain de l’anglais aux cinq langues dominantes des environs (garadyari, nyangumada, yulbaridya, dyuwaliny et mangala). Autorisé ad experimentum par le diocèse en 1973, l’usage de cette liturgie s’est enrichi d’éléments nouveaux. Sa version actuelle a été entérinée en 2018 par un panel de liturgistes en lien avec une commission de la Conférence des évêques catholiques australiens.