Larguez les amarres ! La flamme olympique a commencé, samedi 27 avril, sa traversée méditerranéenne. Le trois-mâts Belem a quitté le port du Pirée, près d’Athènes, pour rejoindre la France, avec à son bord le feu sacré attendu pour les Jeux olympiques de Paris 2024. Le voilier doit arriver le 8 mai à Marseille, où débutera ensuite le relais de la flamme à travers l’Hexagone, jusqu’à la cérémonie d’ouverture des Jeux le 26 juillet.

« C’est une si grande émotion », a déclaré à cette occasion Tony Estanguet, président du comité d’organisation des JOP, qui avait reçu symboliquement la flamme la veille à Athènes, des mains du président du comité olympique hellénique Spyros Capralos. « Maintenant, nous allons (la) ramener en France avec ce bateau, le Belem, qui date lui aussi de 1896 », année des premiers Jeux olympiques de l’ère moderne, « quelle fantastique coïncidence ! » a-t-il ajouté.

Un fleuron de la marine à voile

La France a fait le choix d’une expédition aussi médiatique que pittoresque et élégante, en faisant voguer le symbole olympique jusqu’à la France par le Belem, fleuron de la marine à voile de la fin du XIXe siècle et dernier trois-mâts barque français à coque acier. Construit en 1896, le Belem est à l’origine un navire commercial appartenant à la flotte Crouan, armateurs nantais. Il tire son nom du port du Brésil où les Crouan ont fondé au début du XIXe siècle un comptoir commercial. Le Belem a ainsi effectué trente-trois campagnes transatlantiques, rapportant du Brésil du cacao pour les chocolateries Meunier, et des Antilles du rhum et du sucre.

Au cours de sa longue histoire, le navire a connu bien des aventures. En 1914, il est racheté, par le duc de Westminster qui le transforme en yacht de plaisance. En 1921, le brasseur irlandais Sir Arthur Guinness en fait l’acquisition et effectue ensuite le tour du monde à bord du navire, rebaptisé Fantôme.

Classé monument historique en 1984

Aujourd’hui, le Belem est l’un des plus anciens trois-mâts d’Europe. Classé monument historique en 1984 lors de son retour en France, il est devenu un navire-école civil. Appartenant depuis 1980 à la fondation Belem, il accueille scolaires et curieux lors de visites patrimoniales à quai, mais aussi des participants souhaitant découvrir la navigation à bord d’un grand voilier du XIXe siècle. Chaque année, le célèbre trois-mâts prend ainsi la mer plusieurs mois en Europe, sous autorisation du ministère de la Culture par l’intermédiaire de son service déconcentré, la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) des Pays de la Loire.

Une restauration délicate

Pour transporter la flamme olympique dans les meilleures conditions et apparaître aux caméras du monde entier sous son plus beau jour, le Belem a connu une importante campagne de restauration durant l’hivernage 2022-2023. Sur le plan technique, le navire se distingue par sa coque en métal riveté qui devait garantir la solidité, la rapidité et la maniabilité du bateau. La cale, qui était principalement d’origine mais en très mauvais état, a été remplacée. L’opération, très délicate, a consisté à ouvrir la coque pour en extraire l’ancien bloc-cale métallique et y insérer le nouveau. Ces travaux de grande envergure, ont été réalisés dans les chantiers navals de Saint-Nazaire par le groupe Eiffage Énergie Systèmes sous le contrôle scientifique et technique de la Drac. D’un coût de 1,7 million d’euros (hors taxe), ils ont été subventionnés à 40 % par l’État.

Pour le célèbre trois-mâts, la traversée de la flamme olympique est une aventure sans précédent, qui devrait augmenter sa notoriété déjà grande. Avant d’entrer dans le Vieux-Port de Marseille, le Belem paradera dans la rade de la cité phocéenne, accompagné de 1 024 bateaux. Des animations sont prévues sur terre et en mer toute la journée. Avis aux moussaillons et pour la visite virtuelle, c’est par ici !