La crise calédonienne percute l’agenda politique des différents partis. Leurs positions diffèrent concernant l’examen et le vote de la révision constitutionnelle réformant le corps électoral du scrutin provincial de Nouvelle-Calédonie, source de la révolte des indépendantistes et des émeutes qui secouent l’archipel, tout comme sur les solutions pour ramener le calme.

L’exécutif tente de renouer le dialogue mais reste ferme

Pour Emmanuel Macron et son premier ministre Gabriel Attal, la priorité est d’assurer le retour au calme et de renouer le dialogue avec les indépendantistes. Jeudi 16 mai, la visioconférence qu’Emmanuel Macron avait proposée aux élus calédoniens a dû être annulée, faute de participants. Des discussions individuelles devaient intervenir ce vendredi. Mercredi, le chef de l’État était resté ferme face aux émeutiers, proclamant l’état d’urgence et assurant qu’un Congrès serait réuni « avant la fin juin » pour entériner le texte contesté sur le corps électoral calédonien, si indépendantistes et loyalistes ne trouvent pas un accord sur un texte plus global.

« En l’absence de cet accord, que je continue d’appeler de mes vœux, (…) le Congrès se réunirait avant la fin juin », a ainsi indiqué le président de la République. Après le Sénat, l’Assemblée nationale a adopté la révision constitutionnelle réformant le corps électoral du scrutin provincial de Nouvelle-Calédonie. Si un accord est trouvé pour une révision constitutionnelle plus large, un « nouveau projet de loi constitutionnelle » sera déposé par le gouvernement, précise Emmanuel Macron. Les discussions pourront notamment porter sur l’organisation de l’autodétermination future et sur la répartition des compétences entre les provinces et le gouvernement de Nouvelle-Calédonie.

À droite, on réclame le vote du Congrès

Chez Les Républicains, on adopte également une position de fermeté. Après le début des émeutes, la droite a rapidement appelé à l’état d’urgence et au recours à l’armée pour ramener le calme, saluant ensuite son utilisation par le gouvernement. Concernant le processus législatif en cours, LR, qui a quasi unanimement voté pour son adoption à l’Assemblée, veut poursuivre l’examen du texte.

« Maintenant ça devrait être le Congrès. C’est la démocratie qui doit triompher », a martelé Bruno Retailleau sur Public Sénat. « Plus d’un cinquième des Calédoniens ne participent pas au vote. On ne peut pas faire d’élections démocratiques s’il n’y a pas une révision de ce code électoral. Il faudra aller au bout », a poursuivi le président du groupe Les Républicains au Sénat.

Marine Le Pen propose un nouveau référendum

Également favorable à la « proclamation de l’état d’urgence », Marine Le Pen s’est distinguée en proposant, jeudi auprès de nos confrères du Monde, la possibilité d’organiser localement un nouveau référendum d’autodétermination « dans quarante ans ». « Peut-être faut-il un référendum de plus, mais il faut qu’il ait lieu dans quarante ans, pour que l’État accepte d’investir sans prendre le risque de voir ses investissements perdus », a détaillé, sur France 2, la triple candidate du Rassemblement national à l’élection présidentielle. La députée d’extrême droite, dont le groupe a unanimement voté en faveur du dégel du corps électoral à l’Assemblée, a critiqué « le calendrier » et « la méthode » choisis par le gouvernement sur ce dossier.

« Je plaide pour l’unité et je crois qu’on peut trouver autour d’un dialogue, autour d’une négociation, les conditions de l’unité, demain, de la Nouvelle-Calédonie », a-t-elle ajouté, assurant néanmoins que la réforme constitutionnelle du gouvernement devait être « la contrepartie » de ce nouveau processus.

À gauche, appels au retrait du texte

À l’autre bout de l’échiquier politique, le discours est radicalement opposé concernant la crise en « Nouvelle Calédonie-Kanaky », comme l’appellent les écologistes. À l’Assemblée nationale, le communiste André Chassaigne, président du groupe Gauche démocrate et républicaine (GDR), a dénoncé le recours à l’état d’urgence, « un terrible retour aux armes des colonisateurs pour faire cesser les violences que leur politique a engendrées ».

Les Verts, qui déplorent un « fait colonial qui perdure » sur l’archipel et une « volonté de passage en force » sur le dégel électoral, ont critiqué l’interdiction du réseau social TikTok. Ils appellent au retrait du projet de loi constitutionnelle, « défavorable au peuple premier », les Kanaks, et qui constitue selon eux « une violation » des accords de Nouméa. La France insoumise appelle également au retrait du projet de loi, dénonçant la « responsabilité écrasante » du gouvernement dans la crise, et réclame l’envoi d’une mission de dialogue pour « retrouver la voie de la paix civile ».